LES DÉ-RÉ
Détériorées, démantelées, démolies, détruites, destinées à être... Récupérées, rénovées, réhabilitées, réadaptées, réintégrées, ou pas. Ces sont les habitations aux briques rouges occupées par les mineurs du Nord de la France, dans un passé pas si lointain.
Ces sont les dé-ré. Des restes architecturaux en voie de disparition, des témoins d’un patrimoine à reconvertir, des scénographies de foyers d’une autre époque. Une maison est un corps qui porte de multiples histoires. Et comme tous les corps, il absorbe, se transforme, devient, et laisse des traces. Dont des mots, puisque les maisons parlent.
Briques, poutres, papiers peints et fissures racontent de familles venues d’ailleurs pour chercher l’or noir dans les profonds abysses d’une terre tant froide qu’étrangère.
Le noir, une couleur commune ici dans le bassin minier, commune au ciel d’hiver, aux terrils, à la poussière de charbon et aux gueules noires qui la respiraient, usées par la silicose.
Et pourtant, les dé-ré minières s’habillaient de motifs bucoliques aux couleurs pastel. Le rose, le violet, le vert des papiers peints lui résistait, au noir. Elles défiaient l’humidité, la mélancolie, le deuil. C’est ce qu’on peut entendre quand on se fige devant les chromies chaudes des murs fleuris ou des dentelles brodées par les moisissures qui courent le long des plafonds. Face aux murs en lambeaux aux traits hypnotiques, ces vestiges tracent un parcours immersif et ouvrent au champ de nouveaux possibles, au travers de leur propre mise en abîme.
LES DÉ-RÉ
Photographie, 2023
30 x 40 cm / 50 x 37 cm